Изображения страниц
PDF
EPUB

le second, sir Guyon, la Tempérance; le troisième, Britomartes, Chevalière, représente la chasteté; les personnages du poème sont aussi allégoriques; ainsi, la reine Gloriana et la chasseresse Belphoebe, ne sont autres que la reine Elisabeth. Toutes ces fictions muisent un peu au poëme, et la perte des six derniers livres n'est peut-être pas un grand malheur, car déjà la muse de Spenser s'af-faiblissait, et les trois derniers chants sont inférieurs aux trois premiers; on y trouve bien encore de beaux, mor, 'ceaux, mais ce n'est plus la même verve, le même entrain. L'ouvrage de Spenser est un ouvrage original et tout à fait à part, où l'auteur déploie une richesse d'imagination, qui n'a de limites que les bornes de l'idéal, presque comme celle de l'Arioste : comme le Conteur italien, à son appel, le poëte anglais fait apparaître, et à l'infini, géants, nains, fées, chevaliers, reines; le lieu de la scènevarie aussi à chaque instant; ce sont des palais magiques, éclairés comme les contes des Mille et une Nuits; des fontaines enchantées au fond de sombres forêts, des chevaliers de fer, et couverts d'armes étincelantes, terras-sant des monstres terribles; de nobles demoiselles sillonnant, sans laisser de trace de leur passage, des lacs enchantés; partout les contrastes les plus terribles ou les plus riants; les fantaisies du poëte sont inépuisables. Ou-tre ce poëme, Spenser a encore composé une élégie d'Astrophæl, sur la mort de son ami Sydney. Spenser s'est souvent inspiré des auteurs italiens l'Arioste et le Tasse; du reste, son rhythme même n'est que l'octave italienne complétée, modifiée. Spenser a aussi laissé un ouvrage en prose, Coup d'œil sur l'Etat de l'Irlande, quine fut publié qu'en 1633 par James Wace; c'est un des

meilleurs morceaux d'histoire de l'époque où il a été composé.

Nous allons extraire du premier livre de la Reine des fées quelques vers de l'épisode de Una avec le lion.

La belle Una, séparée de son chevalier, prend la résolution d'aller le chercher.

« Trough woods and wasteness »

One day, nigh weary of the irksome way,
From her unhasty beast she did alight;
And on the grass her dainty limbs did lay,
In secret shadow, far from all men's sight;
From her fair head her fillet did undight,
And laid her stole aside her angel's face,
As the great eye of Heaven, shined bright,
And made a sunshine in the shady place;
Did never mortal eye behold such heavenly grace.

It fortuned, out of the thickest wood,
A ramping lion rushed suddenly,
Hunting full greedy after savage blood;
Soon as the royal virgin he did spy,
With gaping mouth at her ran greedily,

To have at once devour'd her tender corse:

But to the prey when as he drew more nigh,
His bloody rage assuaged with remorse,

And, with the sight amazed, forgot his furiuos force.

Instead thereof he kiss'd her weary feet,

And lick'd her lily bands with fawning tongue,

As he her wronged innocence did weet.
O how can beauty master the most stong,
And simple truth subdue avenging wrong!

Whose yielded pride and proud submission,
Still dreading death, when she had marked long,
Her heart gan melt in great compassion,
And drizzling tears did shed for pure affection.

TRADUCTION.

Un jour, fatiguée de la route, elle descendit de sa monture au pas lent; elle reposa ses membres délicats sur le gazon, dans un lieu écarté, loin du regard des hommes; elle détacha son bandeau de sa belle tête, et ôta son manteau sa figure d'ange brilla comme le grand œil du ciel, et produisit l'effet du soleil dans un lieu obscur. Jamais mortel ne contempla une grâce si céleste.

Il arriva qu'un lion s'élança soudainement du plus épais du bois, avide de sang. Aussitôt qu'il vit la royale vierge, il courut sur elle, la gueule béante, pour la dévorer; mais, comme il approchait de sa proie, le remords calma sa rage sanguinaire, et, étonné à sa vue, il oublia sa fureur.

Au lieu de la dévorer, il baisait ses pieds fatigués, et, de sa langue caressante, lèchait ses blanches mains, comme s'il avait compris qu'elle avait été offensée. Oh! combien la beauté peut dominer le plus fort, et la simple vérité subjuguer la violence! Craignant encore la mort, quand elle eut longtemps observé celui dont la fierté et l'orgueil étaient vaincus, son cœur fut touché d'une grande compassion, et elle pleura par pure affection.

Après Spenser, nous trouvons Michel Drayton, qui manifesta dès son enfance du penchant pour la poésie ; il a laissé le Polyolbion, ouvrage tout-à-fait extraordinaire et original. C'est la description topographique de l'Angleterre, embellie par l'imagination du poète;

Drayton montre, dans son poème, une science remarquable pour son époque; histoire, géographie, antiquité, il traite de tout; le style en est uniforme, mais toujours élégant. Drayton n'a aucune des inspirations du génie, mais aussi il ne sommeille jamais grâce à un talent soutenu, il parvient assez à dissimuler la monotonie de son sujet. On a encore de lui les Pastorales, poésies légères, faciles et agréables; la Guerre des Barons, espèce de chronique en vers, qui comprend depuis les dernières années d'Édouard II, jusqu'à l'exécution de Mortimer, sous Edouard III; on y trouve plusieurs morceaux d'une beauté peu commune; les Épitres héroïques d'Angleterre, et la bataille d'Azincourt. Drayton contribua beaucoup à mettre à la mode le goût des poésies historiques; il peut, pour ainsi dire, servir de transition entre la poésie et le théâtre historique de Shakspeare.

Phineas Fletcher qui, par son Ile empourprée, donne naissance à la poésie descriptive. Ce poème, nommé encore l'Ile de l'Homme, n'est, en quelque sorte, qu'une savante et élégante description anatomique du corps et de l'esprit humains, sous une forme allégorique : ainsi l'intelligence est la reine de l'île, elle a huit conseillers, l'imagination, la mémoire, le sens commun etc., c'est, on le voit, un vrai cours de psychologie. La douceur est le caractère de la poésie de Phinéas. Son frère Gilles est auteur d'un poème sacré, intitulé Victoire et triomphe du Christ, qui manque un peu d'unité : Gilles a plus de verve, d'entrain que son frère, mais il a moins de douceur et d'harmonie. Son poème renferme quelques strophes célèbres, dans lesquelles il rivalise avec Spenser, són modèle, comme par exemple : la Caverne du Désespoir (c. 11.),

[ocr errors]

morceau imité par Milton: On peut reprocher aux deux frères leur goût peu judicieux, qui les entraîna à traiter, avec beaucoup de talent, mais presque en pure perte, un genre allégorique qui ne pouvait pas être de longue durée, et qui n'avait plu dans Spenser, que par sa nouveauté, par la fraîcheur et les détails variés et gracieux dont l'auteur avait semé son sujet.

1

སྙ

Philippe Sydney, homme d'état et poète, auteur de l'Arcadie de la comtesse Pembroke, roman pastoral en prose, qui eut une vogue prodigieuse, d'Astropel et de Stella, récit, pour le moins inconvenant, de sa passion pour Lady Rich, sœur de Lord Essex, et de sonnets, aujourd'hui ses meilleures productions. La réputation de Sydney était si grande de son vivant, qu'on le mettait, comme poète, sur la même ligne que Spenser et Shakspeare, tandis qu'il est maintenant presque entièrement oublié, et que ses deux rivaux ont l'un, conservé une grande réputation, l'autre, acquis l'immor- • talité du génie. Walpole s'est montré critique injuste et sévère pour l'Arcadie, qui renferme souvent de beaux morceaux, surtout celui des innocentes amours de Pynocles et de Paméla. L'Arcadie, seul des romans du règne d'Elisabeth, est original, en ce qu'il n'est pas traduit des langues étrangères, comme tous les romans de l'époque, car nous ne parlons pas des Sept Champions de la chrẻtienté, d'un nommé Johnson, production extrêmement vfaible, mais originaire aussi d'Angleterre.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

A tous ces noms, il faut ajouter ceux de Fairfax, célèbre par une remarquable traduction de la Jérusalem › du Tasse; l'élégance de cet ouvrage, selon Dryden et Waller, a placé l'auteur au rang des maîtres de la langue;

« ПредыдущаяПродолжить »