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Jos. Hall, évêque de Norwich, le premier satirique anglais un peu distingué; son livre a pour titre Virgidemiarum; Robert Herrick, dont les poésies lyriques, souvent remarquables, sont quelquefois gâtées par l'affectation et le raffinement; quelques-unes font entendre les plus tendres accents de la passion; William Davenant, qui a laissé des œuvres poétiques mélangeés et un poème héroïque, Gondibert, qui est maintenant presque entièrement oublié; ce poème est loin d'être achevé; il se distingue par un style mâle et nerveux, un rhythme, qui, bien employé, pouvait produire de grands effets (4 vers en rimes alternées). Le talent poétique manque, mais il est suppléé par un esprit philosophique assez remarquable; Donne, de qui date, en Angleterre, la classe des poètes Métaphysiciens; on trouve souvent chez lui les qualités du poète, mais aussi de l'affectation, des concettis outrés; ses vers, souvent rudes et raboteux, sont énergiques et pleins de passion : Francis Quarles et ses Emblèmes, et son Enchiridion; George Herbert et son poème du Temple, dont le morceau sur la vertu est très-connu.

Parmi les poètes écossais de l'époque, on peut citer Alex. Scott, Rich. Maitland, le capitaine Alex. Montgoméry, Alex. Hume; leurs poésies sont surtout morales, satiriques ou descriptives; le roi Jacques VI, qui, outre quelques pièces de vers, a laissé un traité sur la poésie; Buchanan, poète distingué, mais qui a presque toujours écrit en latin; enfin Will. Drummond, qui ne parut qu'après la réunion des deux couronnes d'Ecosse et d'Angleterre. Ses œuvres sont particulièrement des sonnets amoureux, quelques poèmes sacrés; on trouve chez

lui beaucoup de délicatesse et de tendresse; la plupart des autres poètes de l'Ecosse écrivaient en latin.

POÉSIE DRAMATIQUE.

En Angleterre comme en France, et comme dans la plupart des autres pays de l'Europe, le théâtre naquit de la religion, et puisa ses premiers sujets dans l'histoire sainte; les principaux événements de l'Ancien ou du Nouveau Testament, étaient des matières toutes trouvées pour les Mystères de la France, ou pour les Miracles de l'Angleterre; le clergé, qui, plus tard, se montra si hostile au génie dramatique, applaudit, dans l'origine, à ses succès, prit lui-même un rôle dans les pièces, ou s'en réserva la haute direction; en France, le clergé, complaisant, avançait même l'heure des vêpres, afin qu'on pùt aller au spectacle à l'issue de l'office. Il ne faudrait pas croire, d'après cela, que les pièces de l'époque, fussent des cours de morale, des sermons en action; loin de là, elles respiraient la plus grande licence, autant que l'on en peut juger par les courts fragments qui en

restent.

La première pièce jouée en Angleterre que l'on connaisse, est le Miracle de sainte Catherine, représenté à Dunstable, (comté de Bedford), en 1119, dans les premiers temps de la conquête normande, Mathieu Pâris, qui nous apprend cette particularité, dit qu'on fut obligé d'emprunter à l'Abbaye voisine de saint Albans, les chapes qui servirent à orner les acteurs; de 1200 à 1500, le goût du théâtre se répandit dans presque toutes

les grandes villes de l'Angleterre, et même dans beaucoup de villes de l'Écosse.

A partir du règne de Henri VI, on commença à introduire dans les miracles, des personnages représentant des idées abstraites, et même à composer des pièces entièrement de ce genre, qui furent nommées Pièces morales ou Moralités, comme en France, d'où elles vinrent, peut-être, à la suite des longues guerres entre les deux nations. Ces pièces, plus populaires que les miracles, n'étaient, la plupart du temps, que la satire bouffonne des mœurs de l'époque, ou des attaques grossières contre la religion; dans ces pièces le Diable, seul des anciens personnages, conserva son rôle; il intervint toujours, et le plus souvent dans un costume grotesque, pour être battu par un de ses serviteurs, le Vice, aux grands applaudissements de toute l'assemblée; les moralités les plus connues sont : la Pauvreté impatiente, le Berceau de la Sécurité, le Clou enfoncé dans la tête, le Mariage de la Sagesse et de l'Esprit ; le caractère nouveau de ces pièces fut cause que les élèves des écoles (comme en France les clercs de la Bazoche), les membres des corporations, remplacèrent peu à peu le clergé; à cette même époque, quelques personnes commencèrent aussi à faire du théâtre une profession particulière.

Ces moralités se rapprochèrent de plus en plus de la comédie régulière, et n'eurent bientôt plus rien qui les en distinguât. La première comédie régulière jouée en An-gleterre, est Ralph Royster Doyster, écrite par N. Udall (1550), sous le règne d'Henri VIII. M. Collier a retrouvé quatre actes d'une autre pièce de la même époque, intitulée Misogonus. Ces deux pièces initient parfaitement

aux mœurs des bourgeois de Londres; dans la première, figurent treize personnages; elle est en cinq actes; la fable, assez amusante, est conduite d'une manière naturelle; une autre pièce, encore plus connue, est l'Aiguille de la Commère Gurton (Gammar Gurton's Needle) de John Still, évêque de Bath et de Wells; cette pièce roule sur la perte d'une aiguille dont se servait notre commère pour raccommoder les vêtements de son mari; dans toutes ces pièces, la rime est observée; mais les vers sont irréguliers, quant à la mesure. La même année (1566), G. Gascoyne faisait jouer à Gray's Inn (1) sa pièce les Suppositions, traduction en prose des Suppositi d'Arioste, et sa tragédie de Jocaste, imitée des Phéniciennes d'Euripide.

La première tragédie (1562) est celle de Gordobuc où Ferrex et Porrex, par Sackville et Morton (Warton n'admet pas la collaboration du dernier de ces auteurs); cette tragédie est assez régulière, mais pâle, dénuée d'intérêt, et sanguinaire, selon les idées de l'époque; elle fut jouée à White-Hall, devant Elisabeth; le sujet est tiré de l'histoire d'Angleterre, elle est en vers blancs réguliers, et faite à l'imitation du théâtre antique; on trouve ensuite le drame, en vers rimés, de Damon et Pythias, drame détestable, et qui n'est pas supérieur aux vieux mystères; il est d'un nommé Edwards.

Elisabeth donna une grande impulsion au théâtre; car, en Angleterre, la réforme ne fut pas, comme en Allemagne,

(1) On appelait Inn des établissements (espèce d'auberge) fréquentés par les étudiants en droit et par les personnes attachées au barreau, vù elles donnaient des représentations théâtrales qui rivalisaient avec celles de la Cour, et qu'Élisabeth honorait quelquefois de sa présence; la scène de la taverne où Guy Mannering (dans le roman de ce nom, par W. Scott) trouve son avocat Pleydell, peut donner une idée des Inns.

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anti-théâtrale; au contraire, la cour et le peuple étaient fous de spectacles, tout grossiers qu'ils étaient bientôt la politique même vint seconder ce goût public; l'austé rité des puritains, qui blâmaient tout genre de littérature, et surtout le théâtre, fut cause que la cour lui donna les plus grands encouragements. C'est ainsi que de 1568 à 1680, on compte 52 pièces jouées à la cour, sous la direction du maître des fêtes (Master of the Revels): en 1574, une troupe placée sous la protection du comte de Leicester, obtint un privilége spécial pour donner des représentations dramatiques dans toute l'Angleterre ; et en 1507, ils firent bâtir le premier théâtre public, dans le quartier de Black-Friars.

Les principaux auteurs dramatiques de cette époque sont: Rob. Greene, George Peele, Th. Lodge, Th. Nash, Th. Kyd; Hughes, et en première ligne Chr. Marlowe, mort jeune, et en qui s'annonçait un véritable talent. Il nous reste de lui huit drames, dont les plus remarquables sont : Tamburlaine le grand (1586); on peut reprocher à cette pièce un style ampoulé et le caractère par trop sauvage de Tamburlaine, farouche despote oriental; elle offre cela de remarquable que Marlowe l'écrivit en vers blancs, malgré le succès contemporain de Ferrex et de Porrex en vers rimés; la Vie et la Mort de Faust, cette pièce eut un grand succès; l'auteur y déploya une force et une hardiesse inconnues avant lui; et il produisit un ouvrage entièrement neuf par un habile mélange de magie et de surnaturel le Méphistophélès, de Marłowe, a une mélancolie sombre et farouche, qui fait peut-être plus d'impression que les moqueries du démon allemand; malheureusement, la figure si touchante de Marguerite n'est

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