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délicate de subvenir aux besoins d'un peuple immense, auquel il faut ou des subsistances ou des victimes; aux citoyens qui ont laissé leur vie à la merci de ceux qui la leur avaient conservée, sans perdre le désir de la leur conserver encore. » Cela n'est pas clair. Il trace le tableau du terrible hiver de 1788-89; il cherche, il trouve.des consolations dans le progrès de la culture de la pomme de terre, dans le maintien des comices agricoles, dans l'établissement de Sociétés d'agriculture, auxquelles l'administration a demandé à la Société de collaborer.

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Enfin il se réjouit d'avoir contribué à faire entrer, dans la Compagnie, comme correspondant, ou associé, le doyen des philosophes français, l'abbé Raynal, et le « glorieux guerrier américain ». Washington. Washington, qui après avoir donné à sa patrie la liberté, le plus beau présent que les hommes puissent recevoir d'un homme, s'est adonné aux occupations paisibles de l'agriculture ». L'éloge du neveu de Duhamel, Fougeroux de Blaveau et l'éloge du marquis Turgot ramenèrent les auditeurs au souvenir de temps moins troublés.

Cette séance mit en relief le Mémoire du duc de Charost, sur les moyens d'améliorer, dans les campagnes, le sort des journaliers, et celui de l'abbé Lefebvre, sur la nécessité de créer une ferme d'expériences. Cretté de Palluel rendit compte de ses cultures. Le temps ne permit pas de lire les Mémoires de Parmentier et de Boncerf.

Tout était intéressant le Mémoire de Charost, celui de Lefebvre, le résumé des expériences de Cretté de Palluel sur la suppression des jachères, le parcage des moutons, la chicorée sauvage, le fanage du trèfle, l'engraissement des moutons avec des racines.

Nous avons dit que la Société d'Agriculture, poursuivant sa campagne touchant l'amélioration des bêtes à laine, avait compris, dans la distribution de ses prix, des brebis et des béliers. Citons, en 1789, les noms des lauréats, dont deux sont membres de l'Assemblée nationale. Deux béliers et deux brebis furent accordés au citoyen Gallot, membre de l'Assemblée nationale et correspondant de la Société en Vendée; deux béliers et deux brebis à Blancart, membre de l'Assemblée Constituante, cultivateur à Lauriol en Dauphiné et bientôt correspondant de la Société; deux béliers et deux brebis à Cretté de Palluel, correspondant au Bourget. Dans la liste des récompenses, Cretté de Palluel est désigné « laboureur, secrétaire du Roi ». C'est une désignation singulière.

Parmi les lauréats des médailles d'or, la Société était fière de nommer Vilmorin, son nouveau et généreux correspondant, marchand grainetier à Paris, qui avait commencé et qui ne cessa pas de distribuer gratuitement des graines et des semences; le célèbre abbé Rozier, correspondant à Lyon, fondateur d'une école pratique de jardinage et auteur du Dictionnaire d'agriculture; enfin l'abbé Raynal, auquel Broussonet aimait à rendre hommage au nom de l'agriculture et de l'humanité. Cette année, le sujet du prix fondé par Raynal était : « Une agriculture florissante influe-t-elle sur la prospérité de l'industrie plus que l'accroissement des manufactures sur la prospérité de l'agricul

ture. »

Dans l'année 1789, la Société nomma un très grand nombre de correspondants pour compléter les cadres fixés par le règlement de 1788. Nous enregistrons,

324 HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.

à la date du 22 janvier, les noms de Villeneuve, à Paris; de Rivery, négociant à Saint-Valéry-sur-Somme; Dralet, avocat au château de Marian près Auch; l'abbé Balsamo, professeur d'Agriculture à Palerme; Sonini de Manoncourt, à Liancourt près Nancy; de Bradier à la Guadeloupe; L. Reynier, à Lausanne. A la date du 7 mai, de Vilmorin, à Paris; Brun, médecin à Trie, près Toulouse; Bourgeois, régisseur du domaine royal de Rambouillet; Duvaure, cultivateur à Crest; Leblanc, à Mareuil; Juge de Saint-Martin, à Limoges; Pressac de la Chaynaye, curé de Saint-Gaudens; Villard, à là Nouvelle-Orléans; Laval, fermier à Courtacon près Provins; Salviat, secrétaire perpétuel de la Société d'Agriculture de Brive-la-Gaillarde; Lacuée de Cessac, à Agen,

Nous répétons que le comte de Truchess, grand sénéchal héréditaire de l'Empire à Cologne et le général Washington, Président de la République des ÉtatsUnis, à Philadelphie, furent nommés associés étrangers les 28 mai et 18 juin.

CHAPITRE VIII

RELATIONS DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE AVEC L'ASSEM

BLÉE NATIONALE ET LE COMITÉ D'AGRICUlture.

DE LA SOCIÉTÉ A L'ASSEMBLÉE NATIONALE.

ADRESSE MÉMOIRE

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L'ASSEMBLÉE NATIONALE SUR LA QUESTION DES LAINES.
SÉANCE ANNUELLE DU 29 DÉCEMBRE 1790.

L'année 1790 ouvrit à la Société une carrière de laborieuse activité. L'Assemblée nationale avait pris les devants; cédant à la pression irrésistible des événements elle ne s'était pas bornée à faire des coups d'autorité au point de vue de l'agriculture par les célèbres décrets d'août et de septembre 1789. En outre, elle avait organisé pour le service intérieur de ses travaux des Comités spéciaux. Au premier rang, le 6 septembre 1789, un Comité de l'Agriculture et du Commerce fut chargé de centraliser la correspondance relative à toutes les questions industrielles et agricoles. L'Assemblée décida que ce Comité serait composé d'un délégué par Généralité.

L'organisation dans le Comité fut la même que dans

la Société, en ce sens que le travail se fit par rapport sur chaque communication. Ces communications étaient inscrites sur le registre du Comité et remises à un rapporteur qui concluait au rejet ou à l'adoption. Le renvoi devant l'Assemblée nationale, entraînait une prise en considération ou un projet de décret.

L'alliance cordiale du Comité d'agriculture et de la Société d'Agriculture est le trait principal et le caractère de l'année 1790 (1).

C'est ainsi que dans la séance du 21 janvier, la Société nomme correspondants, deux membres de l'Assemblée nationale. L'un était Blancard, député à Lauriol, en Dauphiné auquel avait été renvoyé l'examen du célèbre Mémoire de la Société ; l'autre était l'abbé Grégoire, député en Lorraine, qui s'attacha courageusement à la destinée de la Société d'Agriculture et devait la défendre avec Lefebvre, lors de la suppression des académies en 1793.

Les présidents du Comité d'Agriculture prendront, aux séances solennelles, la place des anciens ministres et des anciens contrôleurs généraux.

Le marquis de Bonnay avait débuté dans cet honneur en 1789 et Meynier de Salinelles lui succéda brillamment en 1790.

Un échange perpétuel de communications entre le Comité et la Société d'Agriculture s'établit, mais cette dernière ne devait pas perdre son rang et abandonner sa personnalité devant le Comité de l'Assemblée nationale. C'est ainsi que le marquis de Bonnay, président

(1) Les procès-verbaux du Comité d'Agriculture de l'Assemblée nationale, de la Législative et de la Convention ont été publiés par MM. Gerbaux et Schmidt. Paris, 1907.

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