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an textiles, selected from the vast collection of the Textile Museum of the District of Columbia. Preserved through the centuries by the dryness of the climate, these tapestries, brocades, and bags, some whole and some fragmentary, date back many centuries, demonstrating the notable level of civilization achieved by the ancient peoples of Peru. Cotton and the wool of the llama, vicuña, or alpaca were skillfully employed by the weavers of Paracas and a host of other localities in Peru where the Nazca, Chimú, Inca, and other cultures flourished.

The rich symbolism of these magnificent examples of popular art has much in common with the spirit of modern art. Just as the artists of today seek to make plastic forms independent of the dictates of nature, creating a language of their own, full of meaning per se, so these Peruvian weavers of bygone centuries developed their designs in a deep, eloquent and suggestive ryhthm which takes the Peruvian scene as the point of departure for the creation of a world which is different, more intense and more emotional. Through these exquisite textiles, rich in material, in color, and in form, which is better described as the work of artists than as that of artisans, we can feel the presence, through the vast reach of time, of the same tradition of eternal and universal principles through which in our own days Paul Klee, Joan Miró, Carlos Mérida, or Joaquín Torres-García have expressed themselves. These ancient Peruvian tex

Collection of the Textile Museum of the District of Columbia

STANDING HUMAN FIGURE (TAPESTRY WEAVE)

tiles may thus help us to appreciate the legitimacy of the aims of those great contcmporary artists.

Haïti à l'Exposition du Livre Américain

ANTOINE BERVIN

Section Française de l'Union Panaméricaine

IL FAUT être né et avoir été élevé dans le "parler français," disait Théodore de Banville, pour s'en servir en artiste, surtout en poète. Je ne saurais affirmer si mes compatriotes répondent aux conditions formulées par l'éminent parnassien, mais je peux rappeler tout de même l'opinion flatteuse de l'Amiral Grout, ancien directeur de l'École Navale Française, qui

vanta avec tant de chaleur les sites et paysages d'Haïti et assurait aux Haïtiens "qu'ils parlaient le pur français de l'Ile de France."

Nés juridiquement Haïtiens, ils sont indiscutablement français par le coeur et par l'esprit. Pendant plus d'un siècle de vie nationale ils l'ont prouvé dans toutes leurs manifestations intellectuelles, à la tribune des Chambres, dans les débats des tribunaux, dans la presse et surtout dans leurs productions littéraires. C'est Joseph Bédier et Paul Hazard qui affirmaient que "la littérature haïtienne était fille de la littérature française."

Les oeuvres littéraires haïtiennes eurent plus d'une fois les honneurs de l'Académie Française et de la Maison de Molière. Ce fut la consécration solennelle des travaux de l'esprit haïtien qui, à juste titre, se réclame des mêmes disciplines morales et spirituelles françaises. Et dernièrement encore, à la suite du Concours Interaméricain de 1944, par le succès du CanapéVert des frères Thoby-Marcelin, la littérature haïtienne recevait les palmes de tout un continent.

Cette année elle vient prendre rang au sein de la prodigieuse production des trois

Amériques exposée dans les salons de l'Union Panaméricaine.

Vingt-et-une nations participent à l'Exposition du Livre Américain organisée par les soins de la Bibliothèque Christophe Colomb. Telle une immense symphonie qui partirait d'un bout à l'autre de l'hémisphère pour célébrer les gloires américaines, cette exposition s'élève comme un hommage collectif à la pensée, à l'âme et au cœur des élites du Nouveau-Monde. Elle n'est donc pas un concours, encore moins une rivalité. C'est un hymne de foi et de paix entonné dans la Maison de la Paix, en faveur des Arts, des Sciences et des Lettres, tels qu'ils se manifestent avec leur originalité propre, chez les différents peuples d'un continent qui aspire lui-même à la paix et à la concorde. Cette Exposition est un chant d'allégresse en l'honneur des travailleurs de l'esprit.

Chaque pays, en toute simplicité, expose les ouvrages parus dans le cycle des derniers douze mois. On n'y observe aucune préférence, aucune préséance.

Néanmoins, si quelqu'un s'avisait d'établir quand même une ordonnance ou une priorité quelconque le premier rang reviendrait assurément, après les Etats-Unis, à la République de l'Argentine. Ses éditions soignées révèlent bien le degré de progrès de ce pays: gravure, typographie et reliure, trois étapes apparentes des travaux d'impression qui, au fond, en comportent plus d'une centaine, sont trois aspects de goût et de raffinement qui forment le succès des maisons d'éditions, la fierté des écrivains et le plaisir du

public. L'industrie du livre argentin fait honneur à l'orgueil proverbial des Argen

tins.

Mais, si le degré de civilisation des peuples d'Amérique devait s'établir par un barême d'appréciation quelconque et qu'on voulut s'arrêter aux œuvres d'éditions, il est certain que la qualité des livres présentés attesterait de la solidité et de l'ampleur de leur pensée et les placerait à des positions enviables dans la classification des Etats. Car, les beaux livres du Mexique et du Costa-Rica n'éclipsent pas ceux de Cuba, du Brésil et des autres pays autour de la "table ronde" de l'exposition continentale.

Toutefois, il est bon de se rappeler que ce n'est pas un concours qui est ouvert au Palais des Nations Américaines et qu'il est inutile d'insister là-dessus. Soucieuse de respecter les susceptibilités nationales la Maison évite soigneusement l'ordre des forces et du nombre pour planer au dessus des contingences et rayonner dans toute la beauté de son interprétation symbolique.

Haïti elle même se signale par son apport culturel.

Une maison d'éditions, Henri Deschamps, y a coopéré. Des auteurs contemporains viennent prendre rang à coté de leurs devanciers et collègues anglolatino-américains.

L'Histoire haïtienne, avec les noms fulgurants de Toussaint-Louverture et de JeanJacques Dessalines, honorés depuis longtemps dans le marbre de la galerie des hommes célèbres d'Amérique, s'étale aux premières tables de l'Exposition. M. Timoléon Brutus la présente avec beaucoup de ferveur patriotique aux générations étonnées, avec L'Homme d'Airain et la Rançon du Génie. Jacques Roumain, gloire trop tôt éteinte d'une génération d'hommes de lettres et de sciences, a trouvé immédiatement sa place avec son immortel Gouverneurs de la Rosée. M. Kléber G. Jacob

y participe avec sa substantielle étude ethnologique sur L'Homme Haïtien, Madame Madeleine G. Sylvain-Bouchereau présente une excellente étude sur Les Origines Historiques de la Femme Haïtienne, son statut économique, social et politique.

Les Editions Henri Deschamps exposent une belle collection d'ouvrages de textes en usage dans les écoles haïtiennes, la Charte des Nations Unies, du Général Nemours, Les Nostalgies de San Francisco, de Gérard de Catalogne, un recueil de contes populaires réunis sous le titre Le Jacot de Madame Cicéron, de Gaston Théard et une pièce de théâtre, Barrières, de Roger Dorsinville.

La Société d'Editions et de Librairie de Port-au-Prince a produit La Vie Incroyable d'Alcius, du Dr. Rodolphe Charmant, histoire réellment "incroyable" d'un personnage fantastique, né sur la terre brûlante et explosive d'une ville méridionale d'Haïti, évoluant au milieu d'un groupe de conspirateurs. Un livre étourdisant d'aventures et d'évènements, de périls et de péripéties, à la manière d'Arsène Lupin, sur terre, sur mer, en France, en Haïti, en prison, à la Chambre des députés, qu'à la fin de sa lecture le lecteur demeure sidéré et se demande, en définitive, si le pauvre Alcius, coutumier des aventures extraordinaires n'a pas dû avoir des démêlés quelconques jusque dans le ciel avec les anges et les séraphins.

...

La Collection "La Vie Violente" présente de son coté en édition "originale” à l'Imprimerie de l'Etat: Gerbe de Sang, d'un poète qui connut à vingt ans les misères de la prison, pour avoir défendu avec toute son ardeur juvénile trois belles choses: ses idées, ses amis et la démocratie. Trois choses immortelles sur lesquelles, semble-t-il, l'émouvant poète paraît en être revenu profondément désabusé, si l'on comprend bien le ton désenchanté des

poèmes qu'il offre à la méditation de la société contemporaine. En effet, M. René Dépestre confesse à ses lecteurs, à la première page de son ouvrage, qu'il ne croit pas en la morale, ni en la justice, ni en l'enfer; qu'il ne croit pas davantage dans les fleurs, ni dans la raison. "Pourri le monde, dit-il, pourrie la vie, pourrie toute chose."

Cependant, il semble que ce grand poète dont le souffle est admirable "croit" encore en quelque chose, en une autre renaissance, que "tout cela" représente en quelque sorte une expérience ratée et qu'il y aurait lieu de tenter à nouveau

puisqu'il nous propose de "recommencer" le monde avec nos seules ressources. Naturellement il ne dit pas lesquelles, mais acceptons-en l'augure puisque c'est un disciple de Musset qui connut la douleur, qui nous en convie.

Comme on le voit, les poètes d'aujourd'hui comme ceux d'hier sont les magiciens du verbe. Ils bâtissent les cités futures ou détruisent les cités modernes avec la puissance et la beauté des expressions, ils blasphèment ou louent les dieux et la société, méprisent ou embellissent les institutions à leur gré, selon les époques, leur tempérament ou leurs tendances particulières; ils voient tout en rose ou tout en noir, selon l'angle sous lequel ils sont placés dans l'immense et éternel débat humain. Mais, qu'importent leurs inclinations, confondons-les tous dans une égale sympathie, puisque c'est dans le langage des dieux qu'ils chantent les joies et les détresses des hommes.

Fort heureusement que tous les poètes haïtiens ne s'abreuvent pas à la même coupe des amertumes désespérantes de M. Dépestre et que le sourire nous revient en écoutant La Mélodie Chantante des Vagues de M. Ernest Bennett, la confidence délicate des Heures Intimes de M. Pierre Carrié et de jouir enfin, avec la Colibri Haïtienne,

de la délicieuse et magnifique Légende des Fleures. . . Légende de tous les temps, de tous les pays! Légende éternelle ! Après les lyriques voilà les écrivains à thèse. M. Morisseau-Leroy présente à la discussion Récolte; M. Charles F. Pressoir: Les Débats sur le Créole et le Folklore; M. Henri Ch. Rosemond: un mélodrame en anglais Haïti our Neighbor; M. Colbert Bonhomme: Les Origines et Leçons d'une Révolution Profonde et Pacifique; et M. Arsène Pompée: Haïti devant les Problèmes Interaméricains.

Au demeurant, Haïti à l'Exposition du Livre Américain reste dans la ligne de ses traditions culturelles. Au début du dixneuvième siècle, aux accents vibrants de La Marseillaise, cet hymne de gloire et de culture, elle prit sa liberté. En 1804, en effet, elle révoquait violemment la politique coloniale de la France, mais s'attachait à sa culture. En un cycle de 100 ans, c'est-à-dire, en 1904, des immortels en habit vert tenaient élégamment sur les fonts baptismaux de l'Académie Française deux filles jumelles de la littérature haïtienne: Les Oeuvres en Prose et en Vers de 101 écrivains de l'Ile Enchanteresse pour les présenter à l'admiration du monde. Ces jumelles ont grandi depuis, elles se sont épanouies au soleil des tropiques, en grâce et en beauté; elles se sont multipliées à l'enchantement général, à telle enseigne que le Sénateur Henri Béranger pouvait s'écrier au tri-centenaire des Antilles françaises au nom et devant la plus haute intellectualité française réunie à Port-auPrince pour la circonstance: "Haïti! c'est le phare avancé de la latinité en Amérique!"

Mais, Haïti n'a pas entendu évoluer seule ni dans les champs de la liberté ni dans ceux de la culture. L'Histoire est là pour en attester.

En 1816, elle aida généreusement Simón Bolívar à conquérir l'indépendance de l'Amérique de Sud, en lui fournissant non. seulement des armes et des munitions,

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