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arriver, en traversant une partie de la forêt d'Adjamet, et descendant presque continuellement par une pente douce.

Nous passâmes la Quirila près du village de Nousoula, où on trouve de bonnes pierres meulières et de la pierre à aiguiser. De la rive droite de la Quirila à Simonetti, on compte quinze werstes, que nous fimes en deux heures et demie. Le pays que nous parcourûmes est couvert de forêts plus ou moins touffues : le terrain est d'abord plat, et devient ensuite montagneux, jusqu'au moment où on arrive à l'enclos du noble Kildia, lieutenant au service de Russie, maire et l'un des principaux propriétaires du village. Il venoit de faire bâtir pour son ha bitation une maison qui s'écartoit, pour la forme et les distributions intérieures, de toutes celles que nous avions vues jusqu'alors. La chambre principale étoit précédée d'un vestibule étroit qui communiquoit à deux chambres à coucher placées de chaque côté. Autour du bâtiment, régnoit une galerie couverte, de huit pieds de largeur, et soutenue par des colonnes; enfin, on y voyoit des fenêtres avec des carreaux de vitres, et on y avoit construit des cheminées en briques. Du reste, cette maison étoit tout en bois.

Dans l'Immirette, où les arbres sont presque sans valeur, cette construction est la plus convenable; elle exige beaucoup moins d'industrie, de peine et d'intelligence, qu'il n'en faudroit pour bâtir en briques et en pierres. Tous les propriétaires de la Colchide ont des esclaves habitués à la construction de ces maisons, et pour quelques-uns elle est un objet de commerce. Ces maisons ne sont liées que par des chevilles de bois; on les démonte aisément, et on les transporte alors souvent à de grandes distances. Dans le village de Vartsike, on nous a proposé une maison neuve, n'ayant, il est vrai, qu'une seule chambre de trente pieds de longueur sur vingt de largeur, pour la modique somme de 100 roubles d'argent (400 fr.).

Les meubles de la maison du maire de Simonetti consistoient en lits de camp couverts de tapis tartares et de coussins, et en quelques bancs. Le diner qu'il nous donna étoit somptueux pour le pays, et se distinguoit surtout par la multiplicité des plats. Les vins étoient très-bons, et servis avec profusion. La longueur des dîners des Immirétiens contraste avec la brièveté de ceux des Russes, que je considère comme le peuple le moins difficile de l'Europe pour sa nourriture et son coucher.

Le nombre des esclaves des deux sexes qui servoient dans l'intérieur de la maison, ou qui habitoient les bâtiments disséminés autour de son enclos, étoit très-considérable. Les femmes s'occupoient à filer de la soie, et à en tisser des étoffes; d'autres filoient du coton; quelquesunes pétrissoient des poires et des prunes sauvages, pour en faire une espèce de confiture aigre, en forme de galette. On laisse sécher ces confitures au soleil, et on les conserve pour l'hiver. On en fait usage dans les ragoûts, les Immirétiens aimant tout ce qui est acide.

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Nous partîmes de Simonetti vers trois heures. Le maire, un interprète et trois nobles du voisinage, tous à cheval, se réunirent à notre caravane quelques esclaves la suivoient à pied. Nous reprîmes la route que nous avions parcourue le matin, jusqu'au grand chemin de Kotaïs à Tiflis, et nous nous détournâmes ensuite sur la gauche, pour nous rendre à Schorapana.

Toute la contrée que j'ai décrite dans ma première excursion et dans celle-ci, jusqu'au passage de la Quirila, étoit, comme on a pu en juger, presque tout entière couverte de forêts, au milieu desquelles on apercevoit, de distance en distance, des prairies, des champs de maïs et de millet, et quelques plantations de coton.

Ici le pays change entièrement de nature. Les arbres ne sont plus que l'accessoire du paysage,

et, sauf quelques portions de forêts dans la partie élevée du territoire de Simonetti que nous laissions sur notre gauche, tout ce canton, jusqu'au poste de cosaques établi sur les bords de la Quirila, est ou cultivé ou en magnifiques pâturages.

A neuf werstes de Simonetti, on trouve la Tchelabory, rivière ordinairement peu large et profonde, mais qui, après les orages, présente quelquefois aux voyageurs, et pendant plusieurs jours, un obstacle insurmontable.

L'administration Russe n'a encore fait construire aucun pont sur les rivières assez nombreuses qu'on rencontre entre Kotaïs et Tiflis. Jusqu'ici, on est obligé de les passer à gué; mais, comme on peut avec facilité et avec peu de frais exécuter de pareils travaux, tout fait présumer que le gouvernement, dont l'attention se porte sur tout ce qui est utile au pays, ne tardera pas à s'en occuper.

Rien de plus riant et de plus pittoresque qu'une position à mi-côte qu'on trouve à six werstes de Simonetti, avant d'arriver à la poste de la Tchelabory. Elle domine la Quirila, et sera extrêmement convenable pour la construction d'une au

berge ou d'un caravanserai, lorsque le commerce aura pris l'extension dont il est susceptible; cette position doit d'ailleurs être salubre, à cause de son élévation, et c'est la première considération à laquelle doivent s'attacher les Européens qui voudroient former des établissements dans cette contrée. Au surplus, les Immirétiens, encore barbares, sont capables de donner, sur le choix des localités convenables, des leçons aux peuples civilisés. Il semble que leur intelligence, à cet égard, leur ait été transmise par les colons Grecs, si soigneux dans le choix de l'emplacement de leurs villes, et qui en ont fondé un si grand nombre sur les côtes de la mer Noire.

S'ils labourent la plaine, ils habitent toujours des plateaux élevés, et à portée de quelques sources. A cette précaution pour se garantir de la fièvre, ils en ajoutent beaucoup d'autres : ils ont, matin et soir, du feu dans leurs maisons; ce moyen est un des plus assurés pour purifier l'air, et absorber les vapeurs de la terre. Leur nourriture consiste en pâte de gomi ou millet, et en galettes de maïs. Ils consomment peu de viande et beaucoup d'acides. Ils font un grand usage de vin; enfin, leurs vêtements, et surtout leurs manteaux de feutre de poil de chèvre, les ga

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