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La langue anglaise, comme la plupart des langues de l'Europe, est un composé d'éléments tout à fait hétérogènes; comme le travail de formation s'est fait, pour ainsi dire, au grand jour de l'histoire, rien n'est plus facile que de retrouver les quatre ou cinq idiomes qui, en se superposant comme autant de couches de terrains, ont servi à former la langue actuelle. La langue anglaise est formée du latin-normand-français, enté, comme une branche nouvelle, sur le vieux tronc anglo-saxon.

Dans la Grande-Bretagne, comme dans la Gaule, on parlait la langue celtique, lorsque, environ cinquante ans avant J.-C., César porta ses armes victorieuses dans ces fre deux pays; mais la soumission des Bretons ne fut jamais de qu'imparfaite, que nominative; l'antipathie entre les deux races du Nord et du Midi était profonde, radicale; le caractère unitaire de l'organisation romaine ne pouvait convenir à un peuple divisé en une multitude

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de petits clans; aussi les Bretons ne retirèrent que peu de fruit de leur contact momentané avec la civilisation romaine; d'ailleurs, le petit nombre de Romains établis en Bretagne, leur séjour de peu de durée ne permettaient pas à la langue latine de jeter de profondes racines dans un sol aussi sauvage; les Bretons se contentèrent d'adopter quelques mots nécessaires pour exprimer quelques idées nouvelles, sans vouloir profiter en rien de la civilisation que leur apportait un ennemi détesté; les nobles du pays apprirent seuls un peu de latin, mais cette langue ne fut jamais d'un usage fréquent et familier: c'est aujourd'hui un fait généralement admis, que les éléments romains qu'on rencontre, soit dans la langue anglaise, soit dans la législation de ce pays, ont été apportés par les Normands, qui eux-mêmes les avaient reçus de la France.

Les Romains avaient déjà quitté l'ile lorsqu'en 449, les Bretons, trop faibles pour résister aux Calédoniens, appelèrent les Saxons à leur secours; avec eux vinrent les Angles. Les Saxons, victorieux, gardèrent le pays qu'ils avaient été appelés à défendre, et s'y établirent avec la plus grande facilité. Autant les Bretons avaient montré de résistance contre les Romains, autant ils mirent d'empressement dans leur obéissance aux nouveaux vainqueurs; et en peu de temps l'Angleterre du Sud adopta leurs mœurs, leur législation et leur langage; le caractère propre des institutions anglo-saxonnes, est d'avoir été formées par la nation et pour elle; le wittenagemot ou assemblée des sages, les compurgatores, espèce de jury, sont en opposition fondamentale avec la centralisation romaine, ce qui explique l'accueil

fait à la domination saxonne, tandis que la domination romaine, dont la civilisation plus avancée pouvait apporter plus de bienfaits, était repoussée ; c'est que pour l'Angleterre, l'une était une suspension léthar– gique de la vie nationale; l'autre, au contraire, était une ère de résurrection. Les Saxons, en s'établissant en Angleterre, y introduisirent le langage et les caractères du vieux Runique; il en reste encore des témoignages dans les inscriptions de plusieurs monuments de l'époque, et dans quelques fragments de poésie, entre autres dans l'ode sur la victoire remportée en 958 par le roi Athelstan.

Les Bretons et les Saxons ne firent donc bientôt plus qu'un seul peuple; ceux des Bretons qui voulurent conserver une entière indépendance, se retirèrent dans le comté de Cornouailles, dans les montagnes de Galles et dans le Cumberland, seuls pays qui, avec la Basse-Bretagne, aient conservé quelques traces du celtique, langue très-sonore et très-riche, si l'on en croit Bullet et La Tour d'Auvergne. Avec les Saxons et les Angles, l'élément germanique entra dans la langue des Bretons, y domina bientôt; et l'on est étonné de l'analogie qui existe entre l'anglais actuel et l'allemand du xve siècle, surtout si, sans s'occuper de l'orthographe, on ne considère que la prononciation; la langue de cette époque est d'ordinaire appelée anglo-saxon, pour la distinguer de l'anglais moderne.

La facilité avec laquelle l'anglo-saxon s'établit, fit qu'il parvint bientôt à une assez grande régularité, et six siècles de culture nous ont valu de nombreux écrits, tels que chroniques, traités de théologie, sermons, pièces

de poésie même, qui, avec les anciennes lois saxonnes que l'histoire nous a conservées, forment un volumi→ neux recueil historique et littéraire. Cette collection précieuse, non interrompue pendant 600 ans, est très-utile au critique, à qui elle permet de constater les progrès de cet idiome, qui paraît du reste avoir été plus hac monieux que l'anglais propre (1).

Le saxon fut pour l'anglais une mine riche et féconde de mots nouveaux. La versification anglo-saxonne ne consistait ni dans la quantité syllabique, ni dans la rime, mais dans l'allitération, c'est-à-dire la répétition des mêmes lettres ou des mêmes syllabes dans un vers: L'allitération est le caractère commun de toutes les poésies gothiques primitives.

L'invasion des Danois, qui eut lieu au viIe siècle, ne fit pas éprouver d'altération sensible au langage, d'abord parce qu'elle fut de courte durée, et surtout parce que les langues des deux peuples avaient de grands rapports. L'histoire nous en fournit deuxpreuves: Alfred déguisé en barde, et allant chanter dans le camp ennemi sans être reconnu; Anlaff, roi des Danois, se servant du même stratagème pour reconnaître le camp d'Athelstan. On peut remarquer encore que la promulgation des loiss se faisait en pur saxon, même sous les rois Danois.

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Ce fut ensuite à la langue française à apporter son contingent: déjà, avant la conquête de Guillaume, la nobles se d'Angleterre envoyait ses enfants étudier dans les mo nastères de France, et principalement dans ceux de Nor

(1) La même chose arriva pour l'allemand, le dialecte souabe des Minnesinger était plus sonore que l'allemand moderue.

mandie, qui étaient en grand renom de science; tels étaient particulièrement ceux du Bec, de St-Evroul, de Fécamp et de Jumièges. Sous Edouard le Confesseur, on voyait fréquemment des seigneurs normands à la cour anglaise, et la langue de ces étrangers commençait à jouir d'une certaine faveur dans les classes élevées, lorsque la victoire d'Hastings (1066) l'implanta d'une manière durable. A partir de ce moment, le français devint la langue officielle. Il remplaça presque le latin en Angleterre ; Guil laume ne négligea rien pour le répandre; il appela de France des savants, et les établit richement en Angleterre ; c'est ainsi que Lanfranc et Anselme furent successive→ ment promus au siége de Cantorbéry; Geoffroy, autre savant distingué de l'Université de Paris, fut appelé à la direction de l'École du Prieuré de Dunstable, où il com posa (1119) une pièce jouée par ses élèves, le Miracle de Sainte Catherine, qui fut la première pièce représentée en Angleterre, et peut-être en Europe. Grâce aux soins de Guillaume, le français-normand fut bientôt la langue de la cour, des écoles, des tribunaux, où les témoins qui dépo saient en anglais étaient à peine écoutés. C'est ainsi que, par politique, la nouvelle génération fut élevée dans l'ou. bli de sa langue maternelle, qu'elle n'apprenait pas même à lire; les enfants ne devaient converser entre eux qu'en latin ou en français; avec une pareille éducation et l'ar rivée non interrompue des Normands en Angleterre, le français devait bientôt être d'un usage général; l'ignorer devenait une incapacité aux fonctions publiques; en effet, l'an 1095, Wolstan, évêque de Worcester, est déposé par les Normands comme «un vieil idiot d'Anglais, qui ne savait pas parler français. La langue des)!

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